Thèse d'exercice
Les femmes auteures de violences sexuelles en France : étude des profils cliniques, psychopathologiques et criminologiques à partir de 64 cas recrutés sur l'ensemble de la Métropole
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Introduction : La criminalité sexuelle des femmes est encore méconnue à l'heure actuelle et basée sur des stéréotypes socio-culturels. Cette vision étriquée de ce phénomène nous conduit à le penser comme un épiphénomène, peu important et sans intérêt. Or, 2% des agresseurs sexuels sont des femmes, et les données existantes laissent penser que ce chiffre est probablement sous-estimé. De plus, les études sur le sujet sont peu nombreuses, et majoritairement anglo-saxonnes. Nous avons voulu, par notre travail, tenter de faire une mise à jour concernant les profils des femmes auteures de violences sexuelles en France.
Matériel et méthode: Nous avons solliciter l'aide des centres de soins aux auteurs de violences sexuelles répertoriés en France métropolitaine, desServices médico-psychologiques régionaux et des Tribunaux de Grande Instance du Poitou-Charentes à la recherche de cas de femmes auteures de violences sexuelles. Les seuls critères d'inclusion étaient «femmes auteures de violences sexuelles» «dans la période de temps de 2000 à 2016»inclus. Nous avons ensuite analyséles dossiers, de soins et/ou pénaux, à partir d'une grille de lecture prévue à cet effet, pour relever les données sociodémographiques, biographiques, victimologiques, criminologiques et thérapeutiques. A partir de ces données quantitatives, les profils descriptifs des femmes auteures de violences sexuelles ont pu être établis. Puis, une partie de la grille de lecture, orientée sur le passage à l'acte et ses caractéristiques, avec des questions «à réponse ouverte»nous a permis une réflexion psychocriminologique, plus qualitative. Notre étude a porté sur 64 cas.
Résultats : Soixante-quatre dossiers de femmes ont été intégrés à l'étude. Elles sont en moyenne âgées de 34 ans au moment des faits et en couple. On note des antécédents de victimisation, notamment sexuelle dans la moitié des cas, des carences multiples et un niveau socioéducatif précaire. Elles connaissent leurs victimes dans 93% des cas. Il s'agit le plus souvent de leurs enfants. Les victimes ont 10 ans en moyenne et sont principalement des filles. Dans 64% des cas d'agression, les femmes sont actives dans le passage à l'acte (auteures principales ou complices actives). En conséquence, 94% de nos femmes sont condamnées pour leurs faits. 14% seulement avaient des antécédents judiciaires, tous de nature non sexuelle. 45% d'entre elles reconnaissent totalement les faits. Elles expliquent leurs actes par un sentiment de colère ou de vengeance, envers leurs victimes ou leurs agresseurs antérieurs ; par un besoin de réassurance narcissique ; par une recherche de gratification sexuelle, dans un contexte de dynamique de couple perverse ou de paraphilie du sujet ; par peur de perdre le conjoint ou encore pour se protéger elles-mêmes d'un acte agressif de la part du conjoint/complice.
Conclusion : Ces résultats doivent aider les professionnels de la santé et de la justice à penser l'individualisation des types de prises en charge à proposer à ces femmes et à la nécessité d'une collaboration plus étroite, avec des peines à visée plus restaurative.
Mots-clés libres : femmes auteures de violences sexuelles, profils, clinique, psychopathologie, psychocriminologie.
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