Thèse d'exercice
Conscience du trouble mental et conduites suicidaires : une étude qualitative et quantitative
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Objectif : L'association entre la conscience d'être malade et de devoir recevoir un traitement, ce qui est communément appelé l'insight, et le risque suicidaire reste débattue. Nous avons étudié cette question en conduisant simultanément une revue de littérature, une étude cas-témoins transversale et une méta-analyse.
Méthode: La revue de littérature a été menée à partir de la base de données Medline et incluait les études traitant de patients avec antécédents de conduites suicidaires (idéations ou tentative(s) suicidaires) et comprenant au moins une mesure du niveau d'insight. Les mots clés « Suicide », « Conscience », « Insight », « Anosognosie », « Inconscience » et « Conscience de la maladie » ont été combinés entre eux. Nous avons aussi conduit une étude transversale comparant les scores d'insight à l'échelle Mood Disorder Insight Scale (MDIS) ainsi que l'item 17 « autocritique » de l'échelle de dépression d'Hamilton (HAM-D) entre 22 patients déprimés suicidants et 22 patients déprimés sans histoire de conduites suicidaires. Enfin, une méta-analyse a été effectuée parmi les études de la revue comparant le niveau d'insight chez les patients avec versus sans antécédents d'idéation ou d'actes suicidaires.
Résultats : La majorité des études (n=25) concernaient les troubles psychotiques, beaucoup moins souvent les troubles de l'humeur (n=4) et parfois les deux types (n=3). Parmi les 32 études identifiées, une faible majorité (n=21) montrait une association entre au moins une dimension d'insight et le risque d'actes ou d'idées suicidaires, aussi bien dans des troubles
psychotiques que thymiques. Notre propre étude a retrouvé que les suicidants, principalement les femmes, avaient tendance à présenter un meilleur insight vis-à-vis de leur dépression que les témoins à l'échelle d'Hamilton (p=0,06, taille de l'effet= 1,43 [95%CI: 0,77; 2,09]), mais pas à l'échelle MDIS. Enfin, la méta-analyse de 7 études a confirmé un score d'insight significativement meilleur chez les patients avec versus sans histoire de conduites suicidaires, mais avec une faible taille d'effet (g=-0,16 [95%CI: -0,3; -0,03]).
Conclusion : Une association significative, mais faible, a été démontrée entre insight et risque suicidaire. Des limites méthodologiques et conceptuelles ont été toutefois soulevées. Enfin, de nouvelles mesures, notamment expérimentales sont discutées.
Mots-clés libres : suicide, tentative de suicide, idées suicidaires, vulnérabilité, insight, cognition, schizophrénie, troubles de l'humeur.
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