Thèse d'exercice
Trace mnésique de l'intervention médico-psychologique réalisée aux urgences dans le cadre d'une intoxication médicamenteuse volontaire et adhésion à la prise en charge ultérieure
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Introduction : Les urgences sont devenues peu à peu un des lieux du soin médicopsychologique.
Au cours de ces vingt dernières années, on constate une progression
constante du nombre de demandes d'évaluation médico-psychologique dans les services
d'urgences des hôpitaux généraux. Chaque année, environ 180 000 tentatives de suicides
transitent par les services d'urgences français. De nombreux travaux ont montré l'importance
de la création d'une alliance thérapeutique dès le premier entretien médico-psychologique
réalisé aux urgences, notamment avec les patient suicidants.
Objectifs : L'objectif principal de cette étude est la mise en évidence d'une altération de la
trace mnésique de l'intervention médico-psychologique réalisée aux urgences chez certains
patients suicidants ayant réalisé une intoxication médicamenteuse volontaire (IMV). L'objectif
secondaire est la mise en évidence d'une moindre adhésion à la prise en charge médicopsychologique
ultérieure chez les suicidants qui présentent une trace mnésique altérée.
Méthode : Trente-sept patients ont été inclus dans une étude prospective descriptive
réalisée aux urgences du CHU de Poitiers entre le 15 mars et le 15 juin 2013. L'évaluation
de la trace mnésique était recueillie à l'aide d'un questionnaire standardisé par contact
téléphonique entre le 7ème et le 12ème jour suivant l'IMV. L'évaluation de l'adhésion à la prise
en charge médico-psychologique ultérieure était réalisée à l'aide d'un questionnaire
standardisé par contact téléphonique avec le référent des soins psychiques du patient à 2
mois de l'IMV, sur des critères d'alliance thérapeutique et d'observance médicamenteuse.
Résultats : Un quart des patients présentent une trace mnésique altérée de l'intervention
médico-psychologique réalisée dans les suites de leur IMV. L'altération de la trace mnésique
est associée à l'intentionnalité suicidaire au moment du passage à l'acte et à la surveillance
par scope aux urgences. Un état dépressif (p=0.062) ainsi qu'une intoxication aux
benzodiazépines (p=0.079) sont retrouvés chez la plupart des patients présentant une trace
mnésique altérée. Près de la moitié des patients présentent une faible adhésion à la prise en
charge médico-psychologique ultérieure. L'adhésion n'est pas associée à une altération de
la trace mnésique ni à aucune autre des caractéristiques étudiées.
Conclusion : L'altération du souvenir de la prise en charge médico-psychologique réalisée
aux urgences dans les suites d'un passage à l'acte suicidaire ne semble pas avoir de
répercussion sur l'adhésion à une prise en charge ultérieure dans notre étude. Néanmoins,
elle paraît témoigner chez ces patients ayant réalisé des gestes suicidaires graves, d'une
durée d'hospitalisation insuffisante n'ayant pas permis l'assimilation du travail
psychothérapeutique de crise réalisé aux urgences. Ces résultats nous incitent à une plus
grande collaboration entre somaticiens et psychiatres afin que ces patients vulnérables
puissent bénéficier de la prise en charge la plus adaptée à leur problématique.
Mots-clés libres : trace mnésique, mémoire, tentative de suicide, intoxication médicamenteuse volontaire, alliance thérapeutique, urgences.
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