Thèse d'exercice
Etude des freins et des facteurs facilitant la mise en pratique de l'antibiothérapie différée dans l'otite moyenne aiguë chez l'enfant en médecine générale : enquête qualitative réalisée auprès de médecins généralistes charentais en 2012
FrançaisConsulter le texte intégral (format PDF)
Introduction : La France est un des pays européens les plus consommateurs
d'antibiotiques. L'émergence de nouvelles souches bactériennes résistantes aux
antibiotiques est un réel problème de santé publique. L'otite moyenne aiguë est un des
principaux motifs de prescription d'antibiotiques chez l'enfant. Pourtant les
recommandations actuelles prévoient une abstention thérapeutique au cours des 48-72
premières heures. L'antibiothérapie différée est une technique étudiée à l'étranger mais
qu'en est-il en France ? Quels sont les freins et facteurs facilitant la mise en pratique de
cette technique dans l'otite moyenne aiguë en médecine générale ?
Matériel et méthode : Nous avons mené une étude qualitative par entretiens semidirigés
auprès de onze généralistes charentais.
Résultats : Les médecins interrogés se disent à l'aise dans la non-prescription
d'antibiotiques. Cependant, bien qu'ayant tous à l'esprit le délai de 48-72 heures
d'abstention thérapeutique, ils s'accordent à prescrire systématiquement un antibiotique
dans l'otite moyenne aigue purulente de l'enfant. La plupart ont cependant bien accueilli
la technique proposée d'antibiothérapie différée. Notre étude a permis de mettre en
avant des éléments perçus par nos informateurs comme pouvant faciliter l'instauration
de cette technique comme un discours intelligible du médecin, une relation de confiance
entretenue avec les patients, des parents capables de comprendre et de respecter la
consigne, le côté rassurant pour le généraliste comme pour le parent de prescrire malgré
tout une antibiothérapie en cas d'aggravation de la symptomatologie et le bénéfice pour
la collectivité en terme de quantité d'antibiotiques prescrits. Cependant de nombreux
freins ont émergé de notre étude. La difficulté pour certains parents de comprendre la
consigne, la crainte des complications potentielles en cas d'otite à pneumocoque et le
temps que nécessiterait cette technique ont suscité des doutes de la part de nos
informateurs envers l'applicabilité de cette technique. Nous avons compris l'importance
du passé dans les décisions médicales à travers le récit d'expériences douloureuses
ainsi que le poids du vécu et des représentations du médecin dans sa pratique.
Conclusion : Notre étude a permis de comprendre les freins et les facteurs facilitant la
mise en pratique de l'antibiothérapie différée dans le cadre de l'otite moyenne aigue
purulente de l'enfant. Nous avons pu élaborer un nouveau cadre de prescription différée
qui nécessiterait une étude à plus grande échelle afin de vérifier le gain effectif en terme
de rationalisation de la prescription d'antibiotiques dans cette indication en France.
Mots-clés libres : otite, enfant, antibiothérapie différée, médecine générale.
Introduction : France is one of Europe's main consumers of antibiotics. The emergence
of new bacterial strains resistant to antibiotics is a genuine public health problem. Acute
otitis media is the main reason for antibiotic prescription in children. Yet current
recommendations include a therapeutic abstention during the first 48-72 hours. The
delayed antibiotic therapy is a technique which has been studied abroad but what is the
situation in France ? What are the brakes and facilitating factors towards implementing
this technique in acute otitis media in general practice ?
Material and methods : We conducted a qualitative study based on semi-structured
interviews with eleven general practitionair in the Charente.
Results : The physicians that were questioned say they are comfortable in not
prescribing antibiotics. However, although all of them remember the 48-72 hour period
without treatment, they agree on prescribing antibiotics routinely in suppurative acute
otitis media in children. Most of them, however, welcomed the proposed technique of
delayed antibiotic therapy. Our study highlights elements perceived by our informants
that may facilitate the introduction of this technique such as an intelligible speech by the
doctor, maintaining a trust relationship with patients, parents who can understand and
respect the rules, the sense of security for the doctor as well as the parent prescribing
antibiotics in the case of worsening of the symptoms and the benefit to the community in
terms of the amount of antibiotics prescribed. However, many obstacles emerged from
our study. The difficulty for some parents to understand the order given, the fear of
potential complications in cases of pneumococcal otitis media and the time that this
technique requires raised doubts on the part of informants to the applicability of this
technique. We understood the importance of past history in medical decisions through
the story of painful past experiences as well as the weight of experience and
representations of the doctor in his practice.
Conclusion : Our study allowed us to understand the brakes and facilitating factors in
the implementation of delayed antibiotic in suppurative acute otitis media in children. We
have developed a new protocol that would require a larger scale study to verify the
effective gain in terms of rationalizing the prescription of antibiotics for this indication in
France.
Keywords : otitis, child, antibiotic delayed, general medicine.
Menu :
Annexe :
Université de Poitiers - 15, rue de l'Hôtel Dieu - 86034 POITIERS Cedex - France - Tél : (33) (0)5 49 45 30 00 - Fax : (33) (0)5 49 45 30 50
petille@support.univ-poitiers.fr -
Crédits et mentions légales