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En 2021, les pouvoirs publics français ont lancé le 4ème Plan National Santé-Environnement (PNSE) pour la prévention des risques sanitaires liés à l’environnement, notamment axé sur la sensibilisation des professionnels de santé et, plus généralement, des établissements de santé. Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des facteurs environnementaux associés à de nombreux effets néfastes sur la santé tels que les troubles de la reproduction, les troubles métaboliques (diabète, obésité) ou encore les cancers. L’objectif de cette étude était de mener une campagne de sensibilisation auprès des professionnels d’un centre hospitalier, sur les risques liés aux PE. Pour mener à bien cette étude, les professionnels de l’hôpital ont été directement impliqués puisqu’un prélèvement d’échantillons d’urine et de cheveux a été réalisé afin de déterminer leurs niveaux d’exposition à deux familles de PE : les bisphénols (bisphénols A, F, S et dérivés chlorés du bisphénol A) et les parabènes (méthylparabène, éthylparabène, propylparabène, butylparabène). Les analyses ont été effectuées par des méthodes de dosage validées de chromatographie liquide couplée à de la spectrométrie de masse en tandem permettant la détermination simultanée des bisphénols et des parabènes. Un questionnaire sur les habitudes de vie a également été distribué afin d’évaluer les relations avec les profils d’exposition. Au total, dix-neuf professionnels ont été recrutés. Dans les échantillons d’urine, le bisphénol A présentait un taux de détection de 95 % et les dérivés chlorés du bisphénol A des taux compris entre 16 % et 63 %. Les parabènes présentaient des niveaux de détection compris entre 37 % et 100 % pour lesquels le méthylparabène a été quantifié à une concentration moyenne de 0,45 ± 0,46 ng/mL. Dans les échantillons de cheveux, les bisphénols A, F et S ont présenté des niveaux de détection compris entre 95 % et 100 %, les dérivés chlorés du bisphénol A entre 37 % et 68 % et les parabènes de 100 %. Cette campagne de sensibilisation pourrait encourager les professionnels de santé, et plus largement les établissements de santé, à adopter une politique de réduction de l’exposition aux PE de leurs professionnels, mais aussi de leurs patients. En sensibilisant tout particulièrement les professionnels de santé, ces derniers pourraient alors sensibiliser leurs propres patients sur les problématiques liées aux PE. Pour aller plus loin dans l’interprétation de nos résultats, il serait intéressant de réaliser une étude multicentrique pour affiner les résultats obtenus et établir une dynamique de prévention des risques liés aux PE, et plus généralement liés à l’environnement, dans notre système de santé.