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Introduction : Le syndrome d'épuisement professionnel approche voir dépasse les 40% parmi les professionnels de santé avec une répercussion direct sur la santé physique et psychologique du professionnel ainsi que sur la qualité des soins délivrés. De nombreux travaux démontrent que les étudiants en médecine ne sont pas épargnés. L'étude « No Burnout Poitiers » a pour objectif de faire un point sur le niveau d'épuisement professionnel des étudiants en médecine et maïeutique de la Faculté de Médecine et Pharmacie de Poitiers et d'évaluer l'impact de deux outils de thérapie cognitivo-comportementale sur les différentes composantes de l'échelle Maslach Burnout Inventory dit « MBI » tous les 3 mois sur 9 mois d'utilisation. Pour une évaluation objective de l'efficacité de ces thérapies, il fut indispensable de vérifier la cohérence méthodologique de l'étude.
Objectif : Notre objectif principal fut d'évaluer la stabilité temporelle intrapersonnelle de l'échelle MBI sur un trimestre en début d'étude avant l'instauration des thérapies. Nos objectifs secondaires furent d'évaluer le niveau d'épuisement professionnel, d'empathie et de troubles anxio-dépressifs de l'ensemble des étudiants avant randomisation en groupes contrôle et test.
Type d'étude : Nous avons mené une étude en suivi de cohorte d'étudiants en médecine et maïeutique, épidemio-descriptive, observationnelle et prospective. Celle-ci s'est déroulée au sein de la faculté de médecine sur 4 mois. Notre travail s'inscrit dans le cadre de l'étude globale No Burnout Poitiers d'une durée estimée à 1 an et 3 mois.
Matériel et méthode : Le SEP a été évalué par l'échelle MBI, l'empathie par le test de Davis Index réactivité Interpersonnelle « IRI » et l'échelle Hospital Anxiety and Depression Scale « HAD » a mesuré l'anxiété et la dépression. Le test statistique utilisé pour l'évaluation de stabilité est le coefficient de corrélation intra-classe permettant d'étudier la corrélation (le degré d'association) entre les moyennes des sous dimensions du MBI à M0 et à M4.
Résultats : Sur 1814 étudiants, 148 ont répondu à la fois au premier et deuxième recueil, soit 8,15%. Au 1er recueil, 53% des étudiants présentent un syndrome d'épuisement professionnel. 15% des étudiants présentent un score d'épuisement émotionnel élevé avec un score moyen de 18,5 au 1er recueil versus 21,1 au 2ème recueil, 24% un score de dépersonnalisation élevé avec un score moyen de 8,3 versus 8,2 et 22% un score d'accomplissement personnel bas avec un score moyen de 34 ,4 versus 35,2. L'étude de stabilité temporelle retrouve une concordance significative pour chaque sous dimension du MBI (p <0,0001) avec des coefficients de corrélation intraclasses compris entre 0,5 et 0,75.
Grâce à une étude qualitative sur les étudiants non répondeurs nous avons modifié notre promotion d'étude permettant ainsi une majoration de 25,5% des répondeurs au 2ème recueil soit 463 étudiants. Concernant le SEP, 62% des étudiants présentent un syndrome d'épuisement professionnel, 20 % un score d'épuisement émotionnel élevé, 27% un score de dépersonnalisation élevé et 33% un score d'accomplissement personnel bas. Les degrés de SEP se sont aggravés comparativement aux résultats du 1er recueil M0. En effet, 0,6 % ont un SEP élevé vs 0,33% au 1er recueil, 16,2% ont un SEP modéré vs 12,2%, 210 étudiants soit 45,4% ont un SEP bas vs 37,6%, 29,2% n'ont pas de SEP vs 28,4%. Il s'agit d'un point important dans l'évaluation trimestrielle de l'efficacité des thérapies testées. Une analyse année par année des sous dimensions du MBI nous permet de préciser l'évolution du SEP au cours du cursus universitaire des étudiants. Concernant l'empathie, le score moyen de l'empathie cognitive est 36,2, le score moyen de l'empathie émotionnelle est 32,9. Pour l'anxiété et la dépression: 29% présentent un trouble anxieux et 6% une dépression. Nos résultats nous ont permis de confirmer les corrélations mis en avant au premier recueil par Dr Guyonnet entre le SEP, l'empathie et les troubles anxio-dépressifs ouvrant de nouvelles perspectives dans la prise en charge de l'épuisement professionnel.
Conclusion : Notre analyse démontre bien une concordance significative pour chaque sous dimensions de l'échelle MBI entre les score de M0 et M4. Ainsi la fidélité temporelle de l'échelle est satisfaisante sur notre population étudiée. Les thérapies testées peuvent maintenant être évaluées de façon objective et méthodologique. La deuxième partie de l'étude nous a permis de faire le point sur le niveau de SEP, d'empathie et de troubles anxio-dépressifs de l'ensemble des répondeurs et d'en étudier leurs corrélations. En plus d'avoir vérifié la cohérence de la méthodologie choisie de l'étude « No Burnout Poitiers », cette étude ouvre de nouvelles pistes de travail et confirme l'importance de mettre en place une prise en charge du syndrome d'épuisement professionnel adaptée aux étudiants.