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Cette image d’une femme qui est reléguée naturellement aux fonctions du foyer est-elle restée derrière nous ? Aujourd’hui les mots égalité ou équité deviennent si courants dans le discours politique, médiatique et même académique. A contrario, la psychologue féministe Florence Thomas (2006) dit « notre égalité dépend des heures du jour et des besoins d’une société et du pays qui nous demande en même temps de nous moderniser sur la place publique mais de rester comme d’habitude dans l’arrière-cour. Une femme moderne dehors et une bonne mère traditionnelle dedans […] l’égalité s’estompe dès que nous poussons la porte de la maison».
Le contexte Latino-Américain et bien entendu le colombien ont été marqués historiquement par des conditions d’inégalité envers les femmes, en leur attribuant des conditions de travail pires que celles des hommes et ce qui les a plongés davantage dans le travail informel. Ainsi, il y a eu plusieurs mesures en Colombie pour y faire face. Au niveau national, nous trouvons le CONPES 161, politique publique portant sur l’équité de genre. D’ailleurs, les différents départements doivent créer leur politique publique en garantissant la prise en compte de la diversité de leurs territoires. Ici notre rôle s’est posé en tant que psychologue, afin de contribuer à la conception de cette politique publique sur l’axe de travail auprès des experts et travailleurs informels de deux marchés de la ville de Tunja.
Nous avons réajusté notre démarche pour bien nous adapter au contexte. Ainsi, nous avons mis en place une revue de la littérature, des contacts avec des intermédiaires clés, des observations, des échanges informels, des entretiens, des réunions à la mairie et deux journées de prévention de problèmes de santé au marché du nord. Suite à la collecte de l’information délivrée par les différents acteurs et actrices sociaux/ales, nous avons abouti à une série de recommandations qui portent principalement sur le caractère systémique de la politique, faire attention à ne pas tomber dans les stéréotypes, garder un regard critique envers le travail et ne pas se focaliser que sur les populations sensibles ou pas. Vues les limites de temps pour participer jusqu’à la fin de la conception de la politique publique au Conseil Départemental (décembre 2015-janvier 2016), la Casa de la Mujer, en partenariat avec la secrétaire du bureau de la femme de la Mairie de Tunja, s’est portée garante afin de considérer les recommandations issues de notre étude.