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Introduction : La prescription d'examens complémentaires en réanimation à visée systématique est de plus en plus contestée. Au vu des pertes sanguines, de l'irradiation et des coûts, des prescriptions argumentées, à la demande, et donc moins fréquentes, sont souhaitables. L'objectif de cette étude est d'évaluer l'impact de mesures éducationnelles sur les volumes et coûts de prescription de 7 examens complémentaires fréquemment prescrits en réanimation.
Matériel et méthodes : Nous avons mené une étude multicentrique, prospective et interventionnelle de type « avant-après » dans 4 services de réanimation du groupe Atlanréa. La période contrôle (patients hospitalisés du 1er avril au 31 juillet 2011) correspond aux habitudes des cliniciens, et a été comparée à la période interventionnelle (patients hospitalisés du 1er avril au 31 juillet 2012). L'intervention a consisté en une information incitative hebdomadaire, et à l'apposition dans chaque chambre, d'une plaquette récapitulant par examen, son coût et ses indications. Les 7 examens suivants ont été évalués : numération sanguine et plaquettaire, ionogramme sanguin et urinaire, TP (taux de prothrombine), TCA (temps de céphaline activée), gaz du sang et radiographie thoracique. Leurs densités d'incidence par période ont été comparées en utilisant le modèle de Poisson ou binomial négatif.
Résultats : 1817 patients ont été inclus (groupe contrôle = 886 ; groupe intervention = 931). Les prescriptions d'examens biologiques ont diminué significativement avec la stratégie à la demande, avec une variation relative de -7,48% (IC95% : -9,17 ; -5,79) par patient-jour, et -11,05% (IC95% : -12,73 ; -9,36) par séjour patient. Idem pour les prescriptions de radiographies thoraciques : -10,09% (IC95% : -15,32 ; -4,86) par patient-jour et -13,74% (IC95% : -18,97 ; -8,51) par séjour-patient. L'économie réalisée, extrapolée sur 1 an, est de 129000 €. L'étude ancillaire réalisée à Poitiers 1 an après la fin de l'intervention montre une réascension des prescriptions d'examens complémentaires.
Conclusion : La combinaison de 2 outils éducationnels simples a permis une réduction significative du nombre d'examens complémentaires courants en réanimation.