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Introduction : Les abus sexuels sur mineurs concernent 13,4 % des filles et 5,7 % des garçons. Les victimes souffrent des conséquences psychologiques et physiques de ces violences toute leur vie. Il est très difficile de repérer les victimes pour les médecins qui ressentent de la gêne et un manque de connaissances. Notre étude cherchait des liens entre le fait de déclarer avoir été victime d'abus sexuels et certains éléments d'anamnèse pouvant être recueillis lors d'une consultation de médecine générale avec un adolescent.
Matériel et méthode : Cette étude descriptive transversale s'est déroulée au sein de collèges des régions Poitou-Charentes et Alsace. Des adolescents de 15 ans ont rempli, en classe, une déclinaison d'un questionnaire international. L'échantillon comprenait 869 filles et 850 garçons. Les variables d'intérêt concernait les conduites à risque (drogues, sexe), les troubles du sommeil, les difficultés psychologiques, le vécu de la scolarité, le rapport aux pairs et à la violence, l'image et l'estime de soi. Les éléments déterminant la confidence des victimes à leur médecin généraliste ont été recherchés.
Résultats : Les adolescents de sexe féminin avaient 5 fois plus de risque d'avoir subi des abus sexuels (OR, 5,06; IC 95%, 2,68-9,55). Comparativement aux adolescents indemnes, les victimes avaient une consommation régulière de cannabis accrue (OR, 3,45; IC 95%, 1,38-8,62) et des rapports sexuels précoces (OR, 2,05; IC 95%, 1,28-3,28). Elles présentaient une altération de l'image de soi (OR, 2,74; IC 95%, 1,39-5,43) et étaient plus nombreuses à relater une tentative d'autolyse (OR, 2,07; IC 95%, 1,26-3,41). Les violences physiques subies en milieu scolaire les concernaient davantage (OR, 1,85; IC 95%, 1,1-3,14) et elles fréquentaient plus le service de médecine scolaire (OR, 1,81; IC 95%, 1,12-2,93). C'est la notion de secret qui semblaient conditionner leur confidence à leur médecin généraliste (OR, 2,13; IC 95%, 1,27-3,58).
Conclusion : La prise en charge holistique du médecin généraliste, médecin de premier recours, le place comme acteur central du dépistage des abus sexuels. Aborder cette question par des thèmes indirects tels que la scolarité, les conduites à risque et l'image de soi, pourrait faciliter le repérage des adolescents abusés.