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Introduction : La fibrillation atriale (AC/FA) est le trouble du rythme le plus fréquent chez la
personne âgée ; 70% des patients atteints ont entre 65 et 85 ans. Une anticoagulation
efficace est le principal moyen d'éviter les complications thromboemboliques, or les
anticoagulants sont sous-prescrits dans la population gériatrique.
L'objectif principal de notre étude était d'analyser les pratiques de différents spécialistes en
matière de prescription d'antivitamine K chez des patients âgés de plus de 75 ans, atteints
de fibrillation atriale en fonction de contextes cliniques particuliers. L'hypothèse de départ
était que face à un profil patient donné, il existe une hétérogénéité de prescription entre les
cardiologues, les neurologues, les gériatres et les généralistes.
Méthodologie : Nous avons effectué une enquête épidémiologique descriptive et
transversale. Nous avons créé 9 vignettes cliniques reprenant des situations fonctionnelles
ou cognitives issues de la pratique courante, qui concernaient des personnes âgées en
AC/FA. Dans 4 cas, il s'agissait d'une personne âgée avec AC/FA traitée par AVK avant la
situation clinique envisagée. Dans 4 autres cas, il s'agissait de patients avec AC/FA de novo,
sans traitement antithrombotique ou avec un antiagrégant de par un autre antécédent.
Dans un cas, il s'agissait d'une patiente avec AC/FA traitée par antiagrégant au long cours.
Les médecins étaient interrogés sur le choix du traitement antithrombotique qu'ils
prescriraient selon le contexte : instauration des AVK, arrêt des AVK, poursuite des AVK,
relais par antiagrégant, absence de traitement antithrombotique. Les cas étaient présentés
sous forme de questionnaire à choix multiples. Nous avons adressé ces vignettes aux
différents spécialistes des régions Poitou-Charentes et Midi-Pyrénées.
Les réponses obtenues ont été classées par spécialités. Nous avons ensuite réalisé une
analyse statistique. Nous avons procédé à un test d'homogénéité et avons utilisé le test du
Khi 2. Pour chaque vignette, nous avons analysé les réponses des gériatres versus les autres
spécialistes, des gériatres versus les généralistes et de tous les spécialistes versus les
généralistes. La valeur seuil du test était pour α = 0,05 et ddl = 4, χ2 = 9,49.
Résultats : Nous avons décidé de stopper le recueil de données lorsque nous avons obtenu
respectivement 10 réponses de cardiologues, 10 de neurologues, 10 de gériatres et 30 de
généralistes. Il s'agissait de médecins libéraux et hospitaliers. En dehors d'une vignette
clinique (FA ancienne chez une patiente traitée par aspirine, sans raison évidente de non
prescription des AVK), il n'y avait pas de différence statistiquement significative entre les
différents spécialistes et les médecins généralistes (χ2 < 9,49 à 4 ddl pour α = 0,05).
Conclusion : les recommandations sont relativement bien connues de l'ensemble des
médecins puisqu'il y a homogénéité de prescription. Pourtant, les AVK restent sous-prescrits
en présence de facteurs considérés comme des facteurs de fragilité gériatrique.
Afin d'optimiser la prise en charge, nous pensons utile de réaliser un outil d'aide à la
prescription des antivitamines K pour l'ensemble des médecins amenés à prescrire chez les
patients âgés.