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Introduction : L'inhalation est une des premières causes de mortalité liée à l'anesthésie. L'exploration échographique de l'estomac est une méthode non-invasive permettant le calcul de la surface antrale (CSA), corrélé au volume gastrique, à partir des diamètres antéro-postérieur et crânio-caudal, proposé pour affirmer le diagnostic d'estomac plein. Le but de cette étude était d'évaluer la reproductibilité d'une méthode de calcul (CSA) et d'une méthode de mesure obtenue par délinéation de la surface antrale (DSA), entre 3 catégories d'échographistes d'expérience différente. La concordance et la performance du diagnostic de l'état prandial, ainsi que le diamètre transversal de la vésicule biliaire selon l'état prandial, ont été évaluées.
Matériels et méthodes : Après approbation du CPP, 20 volontaires sains ont été randomisés en deux groupes ; à jeun depuis plus de 6H (n=10) ou post-prandial (n=10), après prise alimentaire liquide et solide standardisée (500mL). Trois catégories d'opérateurs (radiologues, anesthésistes-réanimateurs séniors et juniors) en aveugle du statut prandial du volontaire, réalisaient 3 séries de 3 coupes par volontaire. Chaque opérateur, réalisait un CSA et une DSA sur chacune des 9 coupes. Un diagnostic de l'état prandial était émis par série. La reproductibilité du CSA et de la DSA a été évaluée par la méthode de Bland et Altman. La concordance entre les opérateurs a été déterminée par le coefficient Kappa de Cohen, et la performance du diagnostic prandial échographique par le calcul de la sensibilité (Se), la spécificité (Sp), la valeur prédictive positive (VPP) et la valeur prédictive négative (VPN) du diagnostic d'estomac plein. Les diamètres vésiculaires ont été analysés selon l'état prandial par un test t de Student.
Résultats : En intra-opérateur, le coefficient de variation (CV) du CSA était de 27,6% pour les radiologues, de 36,6% pour les séniors et de 37,0% pour juniors. Le CV de la DSA était similaire avec 27,8% chez les radiologues, 37,7% chez les séniors et 35,8% chez les juniors. En inter-opérateur, par rapport aux radiologues, le biais ± CV de la moyenne des CSA obtenu au cours d'une série était de 8,8 ± 30,6% pour les séniors et de 11,1 ± 42,1% pour les juniors. Pour le DSA, ce biais ± CV était de 2,7 ± 31,3% pour les séniors et de 23,7 ± 35,8% pour les juniors. La concordance du diagnostic prandial échographique a été jugée excellente entre les radiologues et les séniors. Toutes catégories d'opérateurs confondues, la Se et la VPN du diagnostic d'estomac plein était de 86,7% et 87,8%, et la Sp et la VPP de 83,7% et 82,3%. Le diamètre transversal vésiculaire était plus petit en post-prandial immédiat, mais sans différence significative à 1H de jeûne.
Conclusions : L'évaluation quantitative du contenu gastrique par le CSA ou la DSA a été peu reproductible, tant en intra qu'en inter-opérateur. L'échographie de la vésicule ne semble pas avoir un intérêt dans l'estimation du diagnostic prandial. L'expérience est un facteur déterminant, pour améliorer la reproductibilité. Le diagnostic prandial échographique est concordant entre les opérateurs. L'échographie gastrique semble être un outil intéressant dans la détection des estomacs pleins, mais une formation spécifique des opérateurs reste nécessaire.