Voir le résumé
Introduction : L'emploi de pesticides dans l'agriculture est devenu quasi incontournable au cours de ces dernières décennies. Aujourd'hui, la question des effets des pesticides sur la santé se pose et particulièrement chez les agriculteurs qui y sont exposés professionnellement, parfois massivement, tout au long de leur carrière. Il existe un lien entre maladie de Parkinson et exposition professionnelle aux pesticides, mais il est très difficile de retrouver une association spécifique avec des produits en particulier.
Objectif : Le but de ce travail était de caractériser l'exposition professionnelle aux pesticides des exploitants agricoles présentant une maladie de Parkinson et savoir notamment à quels produits et en quelles quantités ils ont été exposés.
Méthode : Nous avons analysé les pesticides utilisés par les agriculteurs qui présentaient une maladie de Parkinson et qui avaient été vus en Consultation de Pathologies Professionnelles et Environnementale du CHU de Poitiers entre décembre 2009 et décembre 2013. Les pesticides utilisés étaient renseignés par les patients eux-mêmes, uniquement à partir des achats réalisés.
Résultats : L'âge moyen des six patients de l'étude étaient de 56,17 ± 15,24 ans. Aucun n'avait d'antécédents familiaux de maladie neurologique ni de maladie de Parkinson. Le délai moyen entre le début de l'exposition professionnelle et l'apparition des premiers symptômes était de 29,17 ± 9,06 ans. Concernant la répartition des achats de pesticides par activité biologique, nous avons retrouvés 38,89 % de fongicides; 56,51 % d'herbicides et 4,59 % d'insecticides. C'est la famille des aryloxyacides qui a été la plus achetée avec en moyenne 13,51 kg de matières actives par an et par patient dont 3,38 kg de 2,4 D. En
deuxième position en tonnage moyen par patient et par an, il y avait des dithiocarbamates avec 12,36 kg puis les organochlorés avec 5,69 kg dont le Lindane avec 2,88 kg.
Discussion : Il semble que la maladie de Parkinson surviendrait plus précocement chez les agriculteurs exposés aux pesticides que dans la population générale, bien que le faible nombre de patients ne permettent pas de généraliser. En dépit du biais inhérent au recensement des pesticides utilisés, le 2,4 D et le Lindane pourraient être considérés comme matières actives d'intérêt en lien avec la maladie de Parkinson, tout comme l'effet synergique des pesticides entre eux. Ces résultats restent néanmoins à confirmer.