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Objectifs de l’étude : Les facteurs pronostiques reconnus du carcinome épidermoïde du canal anal (CECA)
sont la taille tumorale supérieure à 5cm, l’envahissement ganglionnaire et les métastases. Le sexe masculin et
l’âge ont aussi été suggérés. Malgré leur valeur, ces facteurs pronostiques ne sont pas suffisants pour prédire au
mieux la récidive et la survie par rapport au traitement. D’autres marqueurs doivent donc être recherchés,
notamment au niveau de la tumeur elle-même. L’objectif de notre étude était de déterminer l’impact pronostique
de l’infection à HPV (Human Papilloma Virus), l’expression de p16INK4a, la prolifération cellulaire, et
l’expression des protéines du système NHEJ (Non Homologous End-Joining), dans le carcinome épidermoïde du
canal anal.
Matériels et méthodes : Les prélèvements biopsiques (fixés au formol et inclus en paraffine) de 60 patients
traités pour un CECA par radiochimiothérapie avec une deuxième séquence par radiothérapie ou curiethérapie
ou chirurgie, ont été étudiés. La présence du virus HPV a été détectée par PCR, avec un génotypage par
séquençage. L’expression de p16INK4a et des protéines du système NHEJ (Ku70, Ku80, DNA-PKc) ainsi que le
marqueur de prolifération cellulaire Ki-67, ont été étudiées par immunohistochimie sur Tissu Microarrays.
Résultats : Le suivi médian était de 34 mois. En analyse univariée, l’âge de plus de 60 ans (p=0,005), le sexe
masculin (p=0,002), le statut OMS 2 (p=0,0006), le statut ganglionnaire N+ (p=0,01) et la chirurgie après
radiochimiothérapie (p=0,01) étaient associés à une survie globale réduite. La sous-expression de Ki-67 (p=0,1)
et la sous-expression de Ku70 (p=0,1) montraient une tendance vers un mauvais pronostic. En analyse
multivariée seuls le statut OMS (p=0,01) et le traitement par chirurgie après radiochimiothérapie (p=0,03) étaient
prédictifs de survie. Concernant la survie sans récidive locale, en analyse univariée, la sous-expression de
p16INK4a (p=0,05), un statut OMS 2 (p=0,04) et la surexpression de DNA-PKc (p=0,1) étaient associés à un taux
de récidive augmenté. En analyse multivariée, la sous-expression de p16INK4a (p=0,02) et la surexpression de
DNA-PKc (p=0,04) étaient seules significativement corrélées à une augmentation du risque de récidive locale.
La sous-expression de Ku70 était significativement corrélée à une augmentation du risque de récidive au niveau
général (p=0,03), de même que le sexe masculin (p=0,04), le stade T4 (p=0,03), le statut N+ (p=0,009) et le type
anatomopathologique (p=0,01). En analyse multivariée, seuls le type anatomopathologique et le statut
ganglionnaire positif étaient significatifs. Nous n’avons pas retrouvé d’impact pronostic du statut HPV (21
HPV+/ 28 patients).
Conclusion : Notre étude suggère que la surexpression de la protéine p16INK4a et la sous-expression de DNAPKc
sont liées à un meilleur taux de contrôle local, conséquence d’une meilleure radiosensibilité et/ou
chimiosensiblité. Un dosage immunohistochimique de ces marqueurs pourrait être préconisé. Des études
prospectives sont nécessaires pour évaluer ce rôle pronostique.