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Introduction :
L'impact de l'hémorragie post-biopsies sur l'analyse de l'IRM prostatique reste débattu et le délai optimal pour réaliser cet examen après les biopsies n'est pas réellement défini. Les objectifs de cette étude étaient tout d'abord de déterminer les facteurs de risques d'hémorragies intra-prostatiques postbiopsies, puis d'analyser l'impact de celles-ci sur l'interprétation de l'IRM et enfin de définir un délai optimal entre la réalisation des biopsies et celle de l'IRM prostatique.
Matériel et méthode :
Quarante patients ont été inclus de façon prospective entre décembre 2014 et mars 2016. Trois IRM prostatiques étaient réalisées chez chaque patients à 4 (IRM1), 8 (IRM2) et 12 semaines (IRM3) des biopsies. Le volume hémorragique était mesuré grâce à une segmentation 3D sur les images en pondérations T1. Les facteurs de risques hémorragiques potentiels étudiés ont été la présence d'une lésion tumorale prostatique visible, les volumes prostatique et tumoral (mesurés par segmentation 3D), le diamètre tumoral maximal et le type de perfusion tumorale. Pour chaque IRM, la confiance du radiologue dans son interprétation était évaluée puis séparée en 2 grades, « confiant » et « douteux ».
Résultats :
L'hémorragie prostatique a été observée chez 97,5% des patients lors de l' IRM1 chez 90,9% des patients lors de l'IRM2 et chez 88,9% des patients lors de l'IRM3. Les volumes hémorragiques intraprostatiques moyens étaient respectivement de 4,8 ml (0 - 15,3 ml) pour l'IRM1, de 2,6 ml (0 - 11,4 ml) pour l'IRM2 et de 1,8 ml (0 - 9,4 ml) pour l'IRM3. Une décroissance significative de l'hémorragie a été observée entre l'IRM1 et l'IRM2 (-2,60 ml; p=0,0091), mais pas entre l'IRM2 et l'IRM3. Aucun des facteurs de risques étudiés n'avaient de corrélation significative avec le volume hémorragique intra-prostatique. La confiance du radiologue dans l'interprétation de l'IRM1 était significativement réduite pour les tumeurs de petite taille (moins de 2,8 sextants atteints (p=0,0053) et/ou 2,7 biopsies positives (p=0,0076)) notamment si le volume hémorragique excédait 2,1 ml (p=0.0346). A l'IRM3 la confiance du radiologue n'était plus corrélée au nombre de biopsies envahies et/ou de sextants atteints.
Conclusion :
Nos résultats suggèrent que l'IRM prostatique est performante 4 semaines après biopsies prostatiques dans les cas où au moins 3 biopsies sont envahies, alors qu'un délai de 12 semaines est à prévoir pour les tumeurs de petite taille ou en l'absence de biopsies positives.