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Introduction et buts : Une instabilité microsatellitaire (MSI-H) est retrouvée dans 12% de l'ensemble des cancers colorectaux (CCR) et est également associée à tous les syndromes HNPCC (Hereditary Non Polyposis Colon Cancer). Les CCR MSI-H sont considérés de bon pronostic avec un taux de récidive après chirurgie curative inférieur aux CCR sans instabilité microsatellitaire (MSS). Des données récentes mettent en évidence que la chimiothérapie adjuvante à base de 5 Fluoro-uracile serait inefficace dans les CCR MSI-H suggérant une chimio-résistance des ces tumeurs MSI-H. Les facteurs prédictifs de récidive après chirurgie curative n'ont jamais été étudiés dans les tumeurs MSI-H. L'objectif de cette étude est de rechercher les facteurs pronostiques chez les patients ayant un CCR MSI-H.
Matériels et méthodes : Il s'agit d'une étude rétrospective, monocentrique au CHU de Poitiers, incluant les patients avec un CCR MSI-H stade I, II et III. Les critères pronostiques suivant ont été étudiés : l'âge, le sexe, la perforation tumorale, l'occlusion initiale, la localisation tumorale, la différenciation tumorale, la présence d'un contingent mucineux > 50%, l'envahissement pariétal, le stade TNM, l'envahissement ganglionnaire, les critères VELIPI (venous emboli or lymphatic or perineural invasion ), la mutation de BRAF et la chimiothérapie adjuvante. Les courbes de survie globale (SG) et survie sans récidive (SSR) ont été calculées selon la méthode de Kaplan-Meier. Les facteurs pronostiques de SSR ont été étudiés en analyse univariée par le test du Log Rank.
Résultats : Au total, 67 tumeurs MSI-H (8,6 %) sur 779 patients testés ont été retrouvées. L'âge moyen au diagnostic était de 62,7 ± 11,8 ans. Les stades de la maladie étaient répartis en 14 stades I (20,9%), 34 stades II (50,7%) et 19 stades III (28,4%). Des critères VELIPI positifs étaient retrouvés dans 21 tumeurs (31,3%), dont 11 avec des emboles vasculaires (16,4%). Au total, 27 patients (40,3%) ont reçu une chimiothérapie adjuvante dont 18 stades III (94,7%). Sept patients ont eu une récidive de leur maladie, soit 10,4%, avec un délai moyen après le diagnostic de 9,28 ± 7,21 mois. Parmi eux, il y avait 3 tumeurs de stade III, 3 de stade II et 1 de stade I. Les médianes de survie n'étaient pas atteintes. La SG était de 85,5% à 3 ans et la SSR de 90,1% à 3 ans. Seule la présence d'emboles vasculaires est significativement associée à la SSR (p = 0,02).
Conclusion : Dans notre série, seule la présence d'emboles vasculaires est un facteur de mauvais pronostic dans les tumeurs MSI-H. L'absence d'autres variables est probablement liée au faible effectif de la cohorte mais surtout au faible nombre de récidives, compte tenu du meilleur pronostic de ces tumeurs. De plus, les patients ayant une tumeur de stade III avaient quasiment tous reçu une chimiothérapie adjuvante ce qui peut expliquer que l'envahissement ganglionnaire ne soit pas identifié comme facteur significatif de récidive. Ces données méritent d'être confirmées par des études de plus grande envergure.