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Introduction : L'incidence des cancers des VADS HPV + est en augmentation progressive dans les pays occidentaux, avec une survie meilleure que pour les patients HPV-. De nombreux facteurs pronostiques sont connus, alors qu'en parallèle de nouveaux outils diagnostiques comme la TEP deviennent incontournables. L'objectif de cette étude était d'étudier la survie des patients atteints d'un carcinome épidermoïde localement avancé de l'oropharynx et de la cavité buccale traités par radio chimiothérapie, en fonction de leur statut HPV et des paramètres initiaux de la TEP notamment les paramètres de texture.
Méthode : Dans cette étude nous avons inclus des patients ayant un carcinome épidermoïde oropharyngé localement avancé traités par radio-chimiothérapie à visée curative. Le statut HPV+ ou - a été déterminé par une recherche de P16 en immunohistochimie et une recherche de l'ADN HPV 16. Tous les patients ont bénéficié d'une TEP initiale. Sur ces images l'intensité de fixation a été caractérisée par le SUVmax et le SUVmoyen de la lésion tumorale. L'analyse de texture a été utilisée pour caractériser l'hétérogénéité : à l'échelle locale avec des paramètres tels que l'entropie, la dissemblance et la corrélation, à l'échelle régionale avec la variabilité de la taille des zones homogènes (ZP) et la variabilité de l'intensité (HIE) et à l'échelle globale avec la mesure de l'aire sous la courbe de l'histogramme d'intensité cumulé (CIHAUC). La forme des lésions tumorales initiales a également été considérée et caractérisée par la sphéricité et l'irrégularité.
Résultats : 50 patients ont été inclus entre 2012 et 2016 dans les CHU de Poitiers et de Brest. Dix patients avaient un statut HPV +, sans que nous ne trouvions de lien significatif entre la survie et le statut HPV. La médiane de survie de la population était de 28 mois, la survie à 6 mois de 82%, à 1 an de 69%, à 2 ans de 53% et à 3 ans de 41%. La médiane de survie sans récidive était de 14 mois, la survie sans récidive à 6 mois était de 86%, à 1 an de 71% et à 2 ans de 29%. En fonction du statut P16 seule la corrélation caractérisant l'hétérogénéité locale (p = 0,012) était significativement plus marquée chez les patients P16 négatifs. Parmi les paramètres cliniques, les facteurs pronostiques péjoratifs étaient l'âge supérieur à 65 ans (p=0,034), l'intoxication éthylique chronique (p = 0,044), le stade OMS élevé (p = 0,009), la réponse au traitement partielle ou la progression à 4 mois (p < 0,0001) et l'impossibilité de faire le traitement complet (p = 0,02). Parmi les paramètres de la TEP, les facteurs pronostiques péjoratifs étaient un SUVmoyen élevé (p < 0,0001), l'augmentation du Total Lesion Glycolysis (TLG) (p = 0,003), la dissemblance élevée (p = 0,08), la diminution de la variabilité de taille des zones homogènes (ZP) (p = 0,01), la diminution de la variabilité de l'intensité (HIE) (p = 0,032), le volume métabolique tumoral élevé (p = 0,026), la faible irrégularité (p = 0,028), la diminution de la sphéricité (p = 0,006) et la variabilité taille/zone élevée (p = 0,02).
Conclusion : Dans notre étude nous n'avons pas mis en évidence de différence de survie en fonction du statut HPV chez les patients ayant un cancer oropharyngé localement avancé, probablement en raison d'un effectif limité. Par contre de nombreux paramètres cliniques et de paramètres dérivés de la TEP notamment des paramètres d'intensité de fixation, d'hétérogénéité, de volume et de forme de la tumeur semblent être des facteurs pronostiques indépendants. Des études complémentaires plus larges seront maintenant nécessaires pour déterminer comment prendre en compte au mieux ces paramètres pour adapter le traitement et éventuellement intensifier la radiothérapie sur certaines tumeurs.