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Introduction – La dysplasie broncho-pulmonaire est une comorbidité fréquente de la prématurité. Les recommandations européennes de 2019 sur la prise en charge des détresses respiratoires néonatales encouragent l'utilisation d'une technique d'administration du surfactant pulmonaire non invasive, la méthode LISA (Less Invasive Surfactant Administration), qui augmente la survie sans dysplasie broncho-pulmonaire dans une récente méta-analyse. Ce travail avait pour but d'observer si l'implantation de la méthode LISA dans le service de Réanimation Néonatale de type III au CHU de Poitiers avait permis de réduire l'incidence de la dysplasie broncho-pulmonaire modérée à sévère chez les prématurés.
Méthode – Il s'agissait d'une étude monocentrique, rétrospective. Les enfants d'âge gestationnel inférieur à 37 semaines d'aménorrhées qui avaient reçu du surfactant après introduction du protocole LISA (Février 2018-Décembre 2020, n = 198) ont été comparés aux enfants ayant reçu du surfactant avant introduction du protocole (Décembre 2015-Janvier 2018, n = 204). La dysplasie broncho-pulmonaire modérée à sévère était définie par la nécessité d'un soutien ventilatoire ou d'une oxygénothérapie à 36 semaines d'aménorrhées. Les critères de jugement secondaires étaient la mortalité, la survie sans comorbidités sévères (hémorragies intra-ventriculaires de type III/IV, leucomalacies péri-ventriculaires, entérocolites de stade 2 ou 3, rétinopathie de stade 3 ou plus), les durées de ventilation invasive et non invasive, le recours à la ventilation mécanique, les complications pulmonaires et infectieuses. Les données ont été récoltées rétrospectivement à partir des dossiers médicaux des patients, et comparées par régression logistique multivariée ajustée sur les facteurs de confusion.
Résultats – L'incidence de la dysplasie broncho-pulmonaire modérée à sévère était diminuée dans le groupe Après (OR 0,45 IC95 {0,25-0,80}, p < 0,01), principalement chez les extrêmes prématurés (OR 0,38 IC95 {0,18-0,81}, p = 0,01). Il n'y avait pas de différence sur la mortalité (OR 1,88 IC95 {0,87-4,07}, p = 0,11) ou sur l'incidence de décès ou comorbidités sévères (OR 1,48 IC95 {0,86-2,55}, p = 0,16). Après mise en place du protocole, les enfants avaient moins souvent recours à la ventilation mécanique durant les 72 premières heures mais également pendant toute la durée de l'hospitalisation (72% vs 91%, p < 0,001). La ventilation invasive durait moins longtemps (4,99 ± 10 vs 7,74 ± 16 jours en moyenne, p = 0,04). Il n'y avait pas de différence sur la durée de ventilation non invasive ou les complications pulmonaires. On retrouvait une diminution de l'incidence des pneumopathies acquises sous ventilation mécanique (OR 0,34 IC95 {0,17-0,68}, p < 0,01) et du nombre de jours sous antibiothérapie (9,7 ± 11 vs 13 ± 17 jours), sans modification de l'incidence des sepsis.
Conclusion – L'introduction de la méthode LISA est associée à une diminution de l'incidence de la dysplasie broncho-pulmonaire modérée à sévère. Une diminution du recours et de la durée de la ventilation mécanique a également été observée, ainsi qu'une réduction de l'incidence des pneumopathies acquises et de la durée moyenne de l'antibiothérapie, sans augmentation de la mortalité ou des comorbidités sévères par ailleurs.