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Introduction : La prévalence de la carence martiale est très fréquente dans la population âgée et constitue l'une des étiologies principales d'anémie. Les objectifs de notre étude sont d'étudier la prise en charge diagnostique et thérapeutique adoptée devant la découverte d'une carence martiale chez le sujet âgé hospitalisé et de comparer les différences de prises en charge selon qu'il s'agisse d'une carence martiale absolue (CMA) ou d'une carence martiale fonctionnelle (CMF).
Méthodes : Une étude rétrospective unicentrique a été réalisée du 1er janvier au 31 décembre 2013 au sein du service de Gériatrie du CHU de Poitiers et a inclus 249 patients présentant un coefficient de saturation de la transferrine (CST) inférieur à 20 %, entre le 1er janvier et le 31 décembre 2013. Parmi ceux-ci, les patients ayant une ferritine supérieure à 100 μg/l ont été inclus dans le groupe CMF et ceux ayant une ferritine inférieure à 100 μg/l ont intégré le groupe CMA.
Résultats : La population était composée de 83 hommes (33,4 %) et 166 femmes (66,6 %) avec une moyenne d'âge de 87,6 ans. L'hémoglobine moyenne était de 9,9 g/dl avec un VGM de 87,9 fl. La médiane de la ferritine était de 137,4 μg/l. Quatre-vingt-dix-huit patients (39,3 %) présentaient une CMA et 151 (60,7 %) avaient un profil martial compatible avec une CMF. Seuls 24,5 % des patients ont eu au moins une exploration étiologique. Les patients de notre population ont reçu un nouveau traitement ou une modification de leur traitement d'entrée dans 53,8 % des cas (fer IV, fer per os et transfusion). Un taux d'hémoglobine inférieur à 10 g/dl était significativement associé à la réalisation d'explorations étiologiques (p = 0,005) et à une prise en charge thérapeutique spécifique (p = 0,002). Les patients du groupe CMF ont significativement moins eu d'examens complémentaires (17,1 % vs. 35,7 %, p = 0,0016) et reçu de traitement spécifique que les patients du groupe CMA (45 % vs. 67,4 %, p = 0,0009). Il existait une différence significative en faveur du groupe CMA concernant la prescription de fer oral (27,5 % vs. 13,3 %, p = 0,008).
Conclusion : La carence martiale et notamment la carence martiale fonctionnelle sont peu explorées et peu traitées dans la population gériatrique, le praticien se basant essentiellement sur le taux d'hémoglobine et la tolérance du patient.