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Introduction : L'ostéoporose est une pathologie fréquente (3.8 millions de personnes en France en 2015), responsable de fractures par fragilité osseuse. Les bisphosphonates sont les traitements les plus fréquemment utilisés à l'heure actuelle. De commercialisation plus récente, le dénosumab constitue une alternative thérapeutique de deuxième intention en France, permettant un gain continu de densité minérale osseuse et une réduction du risque de fractures vertébrales et non vertébrales. A son arrêt, cependant, il existe un rebond de remodelage osseux avec une diminution rapide de la densité minérale osseuse acquise sous traitement et une augmentation du risque fracturaire, avec notamment des fractures vertébrales multiples. Ainsi, le recours aux bisphosphonates à l'arrêt du dénosumab est recommandé à l'heure actuelle pour limiter la perte osseuse. Notre objectif est d'évaluer l'efficacité des bisphosphonates pour limiter le risque fracturaire à l'arrêt du dénosumab.
Méthodes : Nous avons réalisé une étude observationnelle, rétrospective, unicentrique au CHU de Poitiers. Nous nous sommes intéressés aux patients suivis pour ostéoporose dans le service de rhumatologie et ayant arrêté un traitement par dénosumab entre janvier 2015 et juin 2021. Nous avons exclu les patients ayant arrêté le traitement depuis moins de 6 mois et ayant été perdus de vue au moment de l'arrêt. Nous nous sommes intéressés à la survenue de fracture chez les patients ayant et n'ayant pas reçu de relais de traitement dans les 3 mois après la fin de l'efficacité de la dernière injection de dénosumab, et à l'évolution de la densité minérale osseuse.
Résultats : Nous avons inclus 53 patients. Parmi eux, 47 soit 88.7% avaient déjà présenté au moins une fracture avant l'introduction du dénosumab, et 36 avaient déjà présenté au moins une fracture vertébrale. 39 d'entre eux (73.6%) avaient bénéficié d'un traitement par bisphosphonate dans les 3 ans précédant l'introduction. Ils ont reçu en moyenne 6.3 injections. A l'arrêt, 17 patients n'ont pas eu de relais, 22 ont eu un relais par acide zolédronique, 12 par bisphosphonate oral et 2 par tériparatide. 4 patients ont souffert de fractures après le relais de traitement, et 6 en ont souffert en l'absence de relais. Ainsi, 12% des patients ayant eu un relais par bisphosphonate contre 35% des patients n'ayant pas eu de relais ont présenté des fractures dans l'année suivant la fin de l'efficacité du dénosumab : cette différence n'est pas statistiquement significative dans notre étude (p 0.06), probablement par manque de puissance. Nous n'avons pas mis en évidence de différence dans l'évolution de la densité minérale osseuse entre ces deux groupes, probablement aussi en raison du faible effectif. En ce qui concerne la comparaison des groupes relais par acide zolédronique et relais par bisphosphonate oral, il ne semble pas y avoir de différence pour la survenue de fracture (p 1.00) et nous n'avons pas objectivé de différence dans l'évolution de la densité minérale osseuse. En raison du nombre limité de patients ayant présenté des fractures malgré le relais (4 patients), nous n'avons pas pu mettre en évidence de facteur de risque de survenue de fracture dans ce cas.
Conclusion : Notre étude suggère une efficacité des bisphosphonates en relais du dénosumab pour limiter le risque fracturaire, ce qui est confirmé par la littérature. Nous ne pouvons pas conclure à l'heure actuelle sur les facteurs de risque de survenue de fracture malgré le relais, ni sur le délai optimal entre la dernière injection de dénosumab et l'initiation du relais de traitement pour limiter ce risque. Des études complémentaires permettront de répondre à ces questions dans l'avenir.