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Introduction : Le diabète est un problème de santé publique mondial. En 2019, la Fédération Internationale du Diabète estime qu'il y a 463 millions d'adultes, qui vivent avec le diabète dans le monde, contre 151 millions en 2000. La prévalence a plus que doublé, passant de 4.6 % à 9.3% de la population adulte. La Polynésie Française n'est pas épargnée. En effet, elle se place en 8ème position au niveau mondial en termes de prévalence, avec un taux de 19.5%. La localisation insulaire de Tahiti, qui est une île française, associée à un mélange complexe historique et socio-économique rend particulièrement intéressant la question de la perception d'une maladie chronique tel que le diabète de type 2 sur ce territoire.
Matériels et méthodes : Cette étude observationnelle descriptive transversale s'est réalisée à l'aide du Brief Illness Perception Questionnaire (B-IPQ), qui a été déposé dans 25 établissements de santé répartis sur l'île de Tahiti, durant une période allant du 1er Novembre 2020 au 15 Janvier 2021. Les patients devaient respecter les critères d'inclusion suivants : être suivis aux lieux de recrutement, être atteints de diabète de type 2, être âgés de plus de 18 ans, parler français ou tahitien. Étaient exclus les patients atteints de troubles cognitifs ou mentaux.
Résultats et Discussion : Grace au score global on peut s'apercevoir que le diabète n'est pas perçu comme une maladie très menaçante par la population étudiée. Les patients tendent à voir leur diabète comme une maladie chronique, qui serait très bien contrôlée par les traitements. Néanmoins, malgré une bonne compréhension de la maladie, ils ne semblent pas convaincus de bien pouvoir la contrôler au travers de leurs actions personnelles. Même s'ils ne perçoivent pas le diabète comme une maladie générant beaucoup de conséquences, et qu'ils ne perçoivent pas beaucoup de symptômes liés au diabète, ce dernier a tendance à avoir un impact émotionnel modéré et à générer beaucoup d'inquiétude chez les patients. La cause du diabète la plus citée est l'habitude alimentaire. Des caractéristiques médico-socio-démographiques telles que le niveau d'étude, le nombre de traitements pris et la présence d'injection d'insuline sont corrélées à une perception différente de la maladie.
Notre étude nous suggère qu'il faudrait poursuivre les actions de prévention collectives tout en accentuant les mesures de prévention individuelle, en ciblant les personnes plus défavorisées et selon leurs traitements. Elle nous suggère qu'en plus de s'intéresser à la maladie il parait important de s'intéresser au malade, à sa compréhension de la maladie, à l'inquiétude que le diabète peut engendrer chez lui.
Conclusion : Le diabète n'est pas perçu comme une maladie très menaçante par les patients Tahitiens diabétiques mais s'accompagne paradoxalement d'un sentiment d'inquiétude très important. Malgré les campagnes de sensibilisation et les discours des soignants, la prévalence du diabète reste très élevée même si elle a tendance à se stabiliser. Cela montre qu'il y a encore un décalage entre les intentions politiques en matière de santé et la réalité du terrain. Notre étude semble être la première étude quantitative qui s'intéresse à la perception du diabète de type 2 à Tahiti. Il serait intéressant de réaliser une même étude en France métropolitaine afin de comparer les perceptions du diabète avec Tahiti ou la Polynésie Française, et encore mieux de réaliser une étude prospective afin de voir l'évolution de la perception du diabète chez les patients au cours des années.