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L'administration d'antibiotiques par voie sous-cutanée (SC) est une pratique courante en France. Cependant les données de la littérature, concernant la tolérance et l'efficacité de cette voie d'utilisation, sont rares. L'objectif principal de cette étude était de déterminer la tolérance clinique de cette pratique. Les objectifs secondaires étaient de décrire les modalités de préparation de l'injection sous-cutanée et son efficacité thérapeutique.
Méthode : Il s'agit d'une étude multi-centrique observationnelle prospective menée de Mai à Septembre 2014 dans 50 services, essentiellement de Maladies Infectieuses et Médecine Gériatrique en France. Les médecins acceptant de participer à l'étude ont renseigné un questionnaire anonymisé en ligne (MonaLisa) concernant chaque patient traité par antibiothérapie SC pendant au moins 24 heures. Les critères socio-démographiques des patients, les types d'infections traitées par cette voie d'administration, les modalités techniques de préparation de l'administration sous-cutanée, la survenue d'effets indésirables (EI), locaux ou systémiques et le pronostic des patients ont été recensés. L'étude a reçu l'accord du Comité de Protection des Personnes CPP Ouest III (13/05/2014).
Résultat : 219 patients, âgés en moyenne de 83± 12,5 ans [19 – 104] ans) ont été inclus dans l'étude. Les infections étaient essentiellement urinaires (n=84; 38,6%) et respiratoires (n=72; 32,9%). La ceftriaxone (n=163; 74,4%), et l'ertapenem (n=30 ; 13,7%) étaient les antibiotiques les plus souvent rapportés. Les motifs déclarés d'utilisation de cette voie d'administration SC étaient l'impossibilité d'utiliser la voie intra-veineuse ou intra-musculaire (47,4%), une prise en charge palliative (32,0%), la prise orale impossible (20,5%), un état d'agitation (21,0%) et pour faciliter le retour à domicile (21,0%) et réduire le temps d'hospitalisation (7,8%). Au moins un effet indésirable (EI) a été décrit chez 50 patients (23%), à type de : douleur (n=29; 13,2%), induration (n=17; 7,8%), hématome (n=16; 7,3%), érythème (n=6; 2,7%). Un EI systémique est survenu chez 5 patients (2,3%). Les E.I. ont conduit à une augmentation de la durée d'hospitalisation pour 2 patients et à arrêter l'utilisation de la voie SC pour 6 patients. Les EI étaient plus fréquents quand l'administration SC était réalisée rapidement. Aucun lien n'a été trouvé entre la survenue d'EI et la prise d'un traitement antithrombotique. Dans plus de 80% des cas, le traitement antibiotique par voie SC a été interrompu comme initialement programmé.
Conclusion : L'administration d'antibiotiques par voie SC est assez fréquente et concerne essentiellement la ceftriaxone. Un EI est rapporté chez un quart des patients mais le plus souvent bénin. Les modalités d'administration apparaissent hétérogènes. Des études complémentaires sont désormais nécessaires pour mieux objectiver les données pharmacocinétiques et d'efficacité clinique de cette alternative thérapeutique.