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Introduction : En France, 9 millions de personnes déclarent une limitation fonctionnelle dont 70 % de limitations motrices. Le handicap locomoteur peut être acquis au cours de la vie et retentir sur l'activité professionnelle exercée par la personne devenue handicapée, l'amenant à faire une demande de Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé. L'objectif principal est de déterminer le taux de maintien dans l'emploi, 4 ans après l'apparition d'un handicap locomoteur reconnu administrativement. Les objectifs secondaires sont, concernant le maintien dans l'emploi, l'évaluation des modalités (factuelles et ressenties) et la recherche de facteurs associés et pour les personnes sorties d'emploi, le recueil des causes et du devenir.
Matériel et méthode : Étude descriptive, transversale, rétrospective et unicentrique, auprès de 352 personnes, en emploi en CDI, ayant obtenu une 1ère RQTH, pour un handicap locomoteur, par la MDPH de la Vienne, en 2013. Le recueil de données a été réalisé dans les dossiers de la MDPH de 2013, puis lors d'une enquête téléphonique, à 4 ans de la RQTH, pour connaître le devenir professionnel et évaluer le maintien dans l'emploi. Celui-ci se répartit en maintien au poste avec ou sans aménagement, reclassement dans l'entreprise ou reclassement externe (nouvel emploi sans période de chômage). L'association entre des variables générales, médicales et professionnelles et le maintien dans l'emploi a été recherchée en analyses uni et multivariées.
Résultats : Recueil administratif du 02/06 au 18/08/17 et téléphonique du 30/10/17 au 04/02/18 avec une participation de 60,5 %. Le taux de maintien dans l'emploi est d'environ 65 %, dont environ 75,5 % au même poste de travail (13 % sans modification et 62 % d'aménagements), 22,5 % de reclassement interne et 2 % de reclassement externe. Nous retrouvons une association significative positive avec le maintien dans l'emploi pour le secteur public, l'ancienneté >10 ans et l'accompagnement par le SAMETH et négative pour l'arrêt maladie initial >2 ans et les ressources de type invalidité ou rente. Concernant le ressenti, la satisfaction professionnelle varie selon le type de maintien dans l'emploi : environ 39 % si aucune modification, 81 % si aménagement et 84 % si reclassement interne. Les remarques émises ont surtout concerné les conditions de travail, les relations professionnelles et les démarches (40 % de l'effectif critique les dispositifs et 16 % décrit un manque d'information). En cas de perte de l'emploi initial, la cause est un licenciement pour inaptitude médicale dans plus de 73 % des cas et le devenir est environ 57 % de nouvel emploi, 24 % de recherche d'emploi et 19 % d'inactivité.
Conclusion : Des perspectives d'amélioration sont mises en évidence parmi les facteurs significativement associés au maintien dans l'emploi : limiter les arrêts maladie prolongés en renforçant la collaboration entre médecine de soins et du travail et développer l'accompagnement par le SAMETH avec des axes de progrès identifiés en termes d'orientation, d'information et de communication. De plus, dans notre population, la RQTH semble avoir contribué au maintien dans l'emploi, en favorisant les aménagements et l'accompagnement. Mais ces conclusions seraient à confirmer par la réalisation d'études à plus grande échelle et prospectives.